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là. Presque tous les évêques des villes considérables étaient des hommes saints, éloquents, relativement sensés, ayant reçu une bonne éducation hellénique et, si l’on peut s’exprimer ainsi, de très habiles politiques religieux. Les évêchés étaient fort multipliés[1] ; mais quelques familles importantes avaient une sorte de privilège sur l’épiscopat des petites villes. Polycrate d’Éphèse, qui, dans trente ans, défendra si énergiquement contre l’évêque de Rome les traditions des Églises d’Asie, fut le huitième évêque de sa famille[2]. Les évêques des grandes villes avaient une primauté sur les autres[3] ; ils étaient les présidents des réunions provinciales d’évêques. L’archevêque commence à poindre, quoique le mot, si on l’eût hasardé, eût sans doute été repoussé avec horreur[4].

Méliton, évêque de Sardes[5], avait, au milieu de

  1. Polycrate, dans Eus., V, xxiv, 8.
  2. Ibid., V, xxiv, 6.
  3. Ibid., V, xxiv, 8. Comparez le fait de l’évêque d’Antioche, Sérapion, exerçant, vers l’an 200, une juridiction sur les fidèles de Rhossus. Eus., VI, ch. xii.
  4. Voir ci-après, p. 199 et suiv. L’évêque d’Éphèse convoque au synode les évêques de la province d’Asie, sur l’ordre du pape Victor. Eus., V, xxiv, 8.
  5. V. l’Église chrét., p. 436-437. Polycrate, dans Eus., V, xxiv, 5 ; Eus., IV, xxi, xxvi, en entier ; saint Jérôme, De viris ill., ch. 24 ; Routh, Reliquiæ sacræ, I, p. 109 et suiv. ; Pitra, Spicil. Sol., II. Tous les fragments de Méliton qui ne viennent