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distinct sans doute de l’apologiste[1], reconstitua l’Église, et il y eut comme un réveil de la foi. Denys écrivit à cette Église volage non sans quelque amertume, essayant de la ramener à la pureté de la croyance et à la sévérité de la vie évangélique. L’Église d’Athènes, comme celle de Corinthe, avait sa légende. Elle s’était rattachée à ce Denys dit Aréopagite, dont il est parlé dans les Actes[2], et elle en avait fait le premier évêque d’Athènes, tant l’épiscopat était déjà devenu la forme sans laquelle on ne concevait pas l’existence d’une communauté chrétienne.

La Crète, on vient de le voir, avait des Églises très florissantes, pieuses, bienfaisantes, généreuses. Les hérésies gnostiques et surtout le marcionisme les assiégeaient sans les entamer. Philippe, évêque de Gortyne, écrivit un bel ouvrage contre Marcion, et fut un des évêques les plus estimés du temps de Marc-Aurèle[3].

L’Asie proconsulaire continuait d’être la première province du mouvement chrétien. La grande bataille, les grandes persécutions, les grands martyrs étaient

  1. V. l’Église chrétienne, p. 40, 41, note.
  2. V. Saint Paul, p. 209.
  3. Eusèbe, IV, xxi ; xxiii, 5 ; xxv ; saint Jérôme, De viris ill., 30. Cf. Tit., i, 5 et suiv.