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l’enfance. La lettre de Pinytus fut fort admirée et tenue pour un modèle d’ardeur épiscopale. On admit que la vigueur du zèle, quand elle s’exprime avec charité, a des droits égaux à ceux de la prudence et de la douceur.

Denys était fort opposé aux spéculations des sectes. Ami de la paix et de l’unité, il repoussait tout ce qui divise. Les hérésies avaient en lui un adversaire décidé[1]. Son autorité était telle que les hérétiques, « les apôtres du diable », comme il les appelle, falsifièrent ses lettres et y répandirent l’ivraie, ajoutant ou retranchant ce qui leur plaisait. « Quoi de surprenant, disait Denys à ce sujet, si certains ont eu l’audace de falsifier les Écritures du Seigneur[2], puisqu’ils ont osé porter la main sur des écritures qui n’avaient pas le même caractère sacré ? »

L’Église d’Athènes, toujours caractérisée par une sorte de légèreté frivole, était loin d’avoir une base aussi assurée que celle de Corinthe[3]. Il s’y passait des choses qui n’arrivaient point ailleurs. L’évêque Publius avait souffert courageusement le martyre ; puis il y avait eu une apostasie presque générale, une sorte d’abandon de la religion. Un certain Quadratus,

  1. Saint Jérôme, Epist., 84 (p. 656, Mart.).
  2. Αἱ κυριακαὶ γραφαί, les Évangiles.
  3. Eusèbe, IV, xxiii, 2.