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sœur nommée Chrysophora, il traçait de main de maître les devoirs de la vie consacrée à Dieu. Il n’en fut pas moins opposé aux grossières exagérations du montanisme. Dans sa lettre aux Amastriens, il les instruisait au long sur le mariage et la virginité, et leur commandait de recevoir avec douceur tous ceux qui voudraient faire pénitence, soit qu’ils fussent tombés dans l’hérésie, soit qu’ils eussent commis toute autre faute. Palma, évêque d’Amastris[1], accepta pleinement le droit que se donnait Denys d’enseigner ses fidèles. Denys ne trouva quelque résistance à son goût pour les admonestations que chez l’évêque de Cnosse, Pinytus, rigoriste exalté. Denys l’engageait à considérer la faiblesse de certaines personnes et à ne pas imposer généralement aux fidèles le fardeau trop pesant de la chasteté. Pinytus, qui avait de l’éloquence et qui passait pour une des lumières de l’Église, répondit en témoignant à Denys beaucoup d’estime et de respect ; mais, à son tour, il lui conseilla de donner à son peuple une nourriture plus solide et une instruction plus forte, de peur que, toujours entretenus avec le lait de la condescendance, ils ne vinssent insensiblement à vieillir sans être jamais sortis en esprit de la faiblesse de

  1. Cf. Eus., V, xxiii, 2.