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Rome, ayant envoyé à l’Église de Corinthe des aumônes accompagnées d’une lettre pleine d’instructions pieuses, Denys le remercia de cette faveur :


C’était aujourd’hui le dimanche, écrit-il, et nous avons lu votre lettre, et nous la gardons pour la lire encore, quand nous voudrons entendre de salutaires avertissements, comme nous faisons pour celle que Clément nous a déjà écrite. Par votre exhortation, vous avez resserré le lien entre deux plantations, remontant l’une et l’autre à Pierre et Paul, je veux dire l’Église de Rome et celle de Corinthe. Ces deux apôtres, en effet, sont aussi venus dans notre Corinthe et nous ont enseignés en commun, puis ont fait voile ensemble vers l’Italie, pour y enseigner de concert et souffrir le martyre vers le même temps.


L’Église de Corinthe cédait à la tendance de toutes les Églises ; elle voulait, comme l’Église de Rome, avoir eu pour fondateurs les deux apôtres dont l’union passait pour la base du christianisme. Elle prétendait que Pierre et Paul, après avoir passé à Corinthe le moment le plus brillant de leur vie apostolique, en étaient partis ensemble pour l’Italie. Le peu d’accord qui régnait sur l’histoire des apôtres rendait possibles de pareilles suppositions, contraires à toute vraisemblance et à toute vérité.

Les écrits de Denys passaient pour des chefs-d’œuvre de talent littéraire et de zèle. Il y combattait énergiquement Marcion. Dans une lettre à une pieuse