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pendant les dix ou douze ans de sa présidence, presque tout le mouvement du christianisme venir se concentrer autour de lui. Son successeur, Soter (probablement un juif converti, qui traduisit en grec son nom de Jésus), vit ce mouvement grandir encore. La vaste correspondance qui s’était depuis longtemps établie entre Rome et les Églises prit une extension plus considérable que jamais. Un tribunal central des controverses tendait visiblement à s’établir.

La Grèce et l’Asie continuaient d’être, avec Rome, le théâtre des principaux incidents de la croissance chrétienne. Corinthe possédait en son Dionysius un des hommes du temps les plus respectés[1]. La charité de cet évêque ne se renfermait pas dans son Église. De toutes parts on le consultait, et ses lettres faisaient autorité presque comme des écrits sacrés. On les appelait « catholiques », parce qu’elles étaient écrites non à des particuliers, mais à des Églises en corps. Sept de ces morceaux furent recueillis et révérés à l’égal au moins des épîtres de Clément Romain. Elles étaient adressées aux fidèles de Lacédémone, d’Athènes, de Nicomédie, de Cnosse, de Gortyne et des autres Églises de Crète, d’Amastris et des autres Églises du Pont. Soter, selon l’usage de l’Église de

  1. Eusèbe, H. E., II, xxv, 8 ; IV, xxi, xxiii ; saint Jérôme, Chron., p. 173, Schœne ; De viris ill., 27.