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naufrage, il alla échouer tout près des chimères des archontiques[1], continuateurs des folies de Markos[2]. De son nom les encratites s’appelèrent sévériens.

Toutes les aberrations des ordres mendiants du moyen âge existèrent en ces temps reculés. Il y eut, dès les premiers siècles, des saccophores ou frères porte-sacs ; des apostoliques, prétendant reproduire la vie des apôtres ; des angéliques, des cathares ou purs, des apotactites ou renonçants, lesquels refusaient la communion et le salut à tous ceux qui étaient mariés et possédaient quelque chose[3]. N’étant pas gardées par l’autorité, ces sectes tombèrent dans la littérature apocryphe. L’Évangile des Égyptiens, les Actes de saint André, de saint Jean, de saint Thomas furent leurs livres favoris[4]. Les orthodoxes prétendaient que leur chasteté n’était qu’apparente, puisqu’ils attiraient les femmes à leur secte par toutes sortes de moyens, et qu’ils étaient continuellement avec elles. Ils formaient des espèces de communautés où les deux sexes vivaient ensemble, les femmes servant les hommes et les suivant dans leurs

  1. Eusèbe, IV, xxix, 4, 5 ; Epiph., xlv ; Théodoret, I, 21 ; Pseudo-Aug., 24. Cf. Orig., In Cels., V, 65.1
  2. Epiph., xl ; Théodoret, I, 11 ; Pseudo-Aug., 20.
  3. Epiph., Hær., lix, lx, lxi ; Pseudo-Aug., 40 ; saint Basile, canon 1, 47, Ad Amphil. ; Code Théod., XVI, v, lois 7, 9, 11.
  4. Epiph., xlvii, 1 ; lxi, 1 ; Clém. d’Alex., Strom., III, 9, 13.