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saient de toutes parts, et prétendaient en cela tirer la conséquence rigoureuse des principes chrétiens. De la Mésopotamie, ces idées se répandirent à Antioche, en Cilicie, en Pisidie, dans toute l’Asie Mineure, à Rome, dans les Gaules. L’Asie Mineure, surtout la Galatie, en restèrent le centre[1]. Les mêmes tendances se produisaient sur plusieurs points à la fois. Le paganisme n’avait-il pas, de son côté, les macérations des cyniques[2] ? Un ensemble de fausses idées, très répandues, portait à croire que, le mal venant de la concupiscence, le retour à la vertu implique le renoncement aux plus légitimes désirs.

La distinction des préceptes et des conseils restait encore indécise. L’Église était conçue comme une assemblée de saints attendant dans la prière et l’extase le renouvellement du ciel et de la terre ; rien n’était trop parfait pour elle. L’institution de la vie religieuse résoudra un jour toutes ces difficultés. Le couvent réalisera la parfaite vie chrétienne, dont le monde n’est pas capable. Tatien ne fut hérétique que pour avoir voulu faire à tous une obligation de ce que saint Paul avait présenté comme le meilleur.

  1. Philosoph., VIII, 20 ; Sozom., V, 11 ; Macarius Magnes, III, 43, p. 151 ; cf. II, 7, p. 7 ; Epiph., xlvi, 1 ; lxi, 2.
  2. Lucien, Peregr., 17, 28 ; Simplicius, In Epict., p. 39, 40 (Dübner). Cf. Philosoph., VIII, 20.