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le nom de Marcion, et écrivirent ce nom sur le fronton de leurs « synagogues[1] ». Ces Églises montraient des successions d’évêques comparables aux listes dont se glorifiait l’Église catholique[2]. Elles avaient des martyrs[3], des vierges[4], tout ce qui constituait la sainteté. Les fidèles y menaient une vie austère, affrontaient la mort, portaient le sac monastique, s’imposaient des jeûnes rigoureux et s’abstenaient de tout ce qui avait eu vie. « Ce sont des frelons qui imitent les ruches des abeilles », disaient les orthodoxes[5]. « Ces loups se revêtent de

  1. Dialogue contre les marcionites, publié par Wetzstein, ou De recta in Deum fide attribué à Origène, Opp., t. I, p. 808-810 (Delarue) ; Waddington, Inscr. de Syrie, no 2558, Συναγωγὴ μαρκιωνιστῶν, bâtie en l’année 318, à Lebaba (aujourd’hui Deir-Ali), à une journée au sud de Damas ; Lequien, Oriens christianus, II, col. 1110. Voir Zeitschrift für wissenschaftliche Theologie, 1876, p. 100 et suiv. Cf. Épiphane, Hær., xlii, 1 ; Théodoret, Epist., 113.
  2. Dialogue précité, l. c.
  3. Clém. d’Alex., Strom., IV, ch. 4 ; l’Anonyme contre les cataphryges, dans Eus., V, xvi, 21 ; Eus., IV, 15 ; VII, 12 ; De mart. Palæst., c. 10. Se rappeler, en particulier, Métrodore, qui fut le compagnon de supplice de saint Pione. Cf. les actes de ce saint. Ruinart, Acta sinc., p. 137, 150 ; Eus., H. E., IV, xv, 46 (en observant l’anachronisme que commet Eusèbe).
  4. Jean Chrysost., De virgin., ch. 3-6 ; Eznig, Réfut. des sectes, l. IV, ch., 12-14.
  5. Tert., Adv. Marc., IV, 5. « Faciunt favos et vespæ, faciunt ecclesias et marcionitæ. »