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du règne de Tibère, Jésus descendit du ciel en la figure d’un homme tout formé[1].

Le marcionisme, ainsi que le gnosticisme, en était à la seconde génération. Ces deux sectes n’auront plus désormais aucun docteur illustre. Toutes les grandes fantaisies écloses sous Adrien disparaissaient comme des songes. Les naufragés de ces petites Églises aventureuses s’accrochaient avidement aux bords de l’Église catholique et y rentraient. Les écrivains ecclésiastiques avaient sur eux l’avantage qu’ont auprès des foules ceux qui ne cherchent pas et ne doutent pas. Irénée, Philippe de Gortyne, Modestus, Méliton, Rhodon, Théophile d’Antioche, Bardesane, Tertullien, se donneront pour tâche de démasquer ce qu’on appelait les ruses infernales de Marcion[2], et ne s’interdiront dans leur langage aucune violence.

Bien que frappée à mort, l’Église de Marcion resta longtemps, en effet, une communauté distincte à côté de l’Église catholique. Durant des siècles, il y eut, dans toutes les provinces de l’Orient, des communautés chrétiennes qui s’honorèrent de porter

  1. Philosoph., VII, 31. Lisez κατακολουθῶν Πρέπων. Zeitschrift für Kirchengesch., I, p. 536-538.
  2. Eusèbe, H. E., IV, ch. 24, 25, 30 ; V, viii, 9 ; Irénée, Adv. hær., I, xxvii, 2-3 ; xxviii, 1 ; III, xii, 12.