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courir après de périlleuses aventures. Il est permis de supposer qu’il donnait pour cadre à ses enseignements les révélations[1] d’un personnage symbolique, qu’il appelait Philouméné (la vérité aimée). Il est sûr, au moins, que les paroles prêtées par Rhodon à notre docteur sont celles d’un honnête homme, d’un sincère ami de la vérité. Après avoir quitté l’école de Marcion, Apelle se rendit à Alexandrie, essaya une sorte d’éclectisme entre les idées incohérentes qui défilèrent devant lui et revint ensuite à Rome[2]. Il ne cessa de remanier toute sa vie la théologie de son maître[3], et il semble qu’il finit par une lassitude des théories métaphysiques qui, selon nos idées, le rapprochait de la vraie philosophie.

Les deux grandes erreurs de Marcion, comme de la plupart des premiers gnostiques, étaient le dualisme et le docétisme. Par la première, il donnait d’avance la main au manichéisme, par la seconde à l’islam. Les docteurs marcionites et gnostiques de la fin du iie siècle essayent, en général, d’atténuer ces deux erreurs. Les derniers basilidiens[4]

  1. Φανερώσεις.
  2. Harnack, Apelles, p. 16, 17.
  3. Tertullien, Præscr., 6, 30, [51] ; De carne Christi, 1, 6 ; Adv. Marc., III, 11 ; IV, 17.
  4. Ceux que réfute l’auteur des Philosophumena.