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et qui aurait joué près de lui le rôle d’une Priscille ou d’une Maximille. Rien n’est plus douteux. Rhodon, son adversaire orthodoxe, qui le connut, le présente comme un vieillard vénérable par la règle ascétique de sa vie[1]. Rhodon parle de Philumène et la présente comme une vierge possédée, dont Apelle admit réellement les inspirations comme divines. Pareils accidents de crédulité arrivèrent aux docteurs les plus austères, en particulier à Tertullien[2].

Le langage symbolique des doctrines gnostiques prêtait, d’ailleurs, à de graves malentendus et donna souvent lieu à des méprises de la part des orthodoxes, intéressés à calomnier de si dangereux ennemis. Ce ne fut pas impunément que Simon le Magicien joua sur l’allégorie d’Hélène-Ennoia ; Marcion fut peut-être victime d’un quiproquo du même ordre[3]. L’imagination philosophique un peu changeante d’Apelle put aussi faire dire que, poursuivant une amante volage, Philumène[4], il quitta la vérité pour

    carne Christi, 6, 24 ; De anima, 36 ; Pseudo-Tert., De hær., 19 ; Philosoph., VII, 38 ; x, 20 ; Pseudo-Aug., 23 (Œhler) ; saint Jér., Epist. ad Ctesiph., adv. Pelag. (Mart., IV, ii, p. 477).

  1. Ὁ τὴν πολιτείαν σεμνυνόμενος καὶ τὸ γῆρας. Dans Eus., V, xiii, 2. Sur πολιτείαν, voir ci-après, p. 183, note 4.
  2. Tertullien, De anima, 9.
  3. Voir l’Église chrétienne, p. 354.
  4. Φιλουμένη. C’était le nom des jeunes premières dans les comédies grecques et latines.