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l’arianisme, une des grandes fractions du christianisme, et non, comme tant d’autres sectes, un météore bizarre et passager.

Marcion, tout en restant fidèle à quelques principes qui constituaient pour lui l’essence du christianisme, varia plus d’une fois dans sa théologie. Il semble qu’il n’imposait à ses disciples aucun symbole bien arrêté. Après sa mort, les divisions intérieures de la secte furent extrêmes[1]. Potitus et Basilique restèrent fidèles au dualisme[2] ; Synérôs admit trois natures, sans qu’on sache au juste comment il s’exprimait ; Apelle revint décidément à la monarchie. Il avait d’abord été personnellement disciple de Marcion ; mais il était doué d’un esprit trop indépendant pour rester disciple ; il rompit avec son maître et quitta son Église. Ces ruptures étaient, hors de la communion catholique, des accidents qui arrivaient tous les jours. Les ennemis d’Apelle essayèrent de faire croire qu’il avait été chassé et que la cause de son excommunication fut une liberté de mœurs qui contrastait avec la sévérité du maître. On parla beaucoup d’une vierge Philumène, dont les séductions l’auraient entraîné à tous les égarements[3],

  1. Rhodon, dans Eusèbe, V, xiii.
  2. Ibid., § 3.
  3. Tertullien, Præscr., 6, 30, [51] ; Adv. Marc., III, 11 ; De