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mots ΙΑΩ, ΑΔΩΝΑΙ, ϹΑΒΑΩΘ, ΕΛΩΑΙ, et les formules hébraïques en caractères grecs s’y mêlaient à des symboles égyptiens et au sacramental ΑΒΡΑϹΑΞ, équivalent du nombre 365[1]. Tout cela est bien plus judéo-païen[2] que chrétien, et le gnosticisme représentant dans le christianisme l’aversion contre Jéhovah poussée jusqu’au blasphème, il est tout à fait inexact de rapporter au gnosticisme ces monuments d’ineptie. Ils étaient l’effet du tour général qu’avait pris la superstition du temps, et nous croyons qu’à l’époque où nous sommes arrivés, les chrétiens de toutes les sectes restaient indifférents à ces petits talismans. C’est à partir de la conversion en masse des païens, au ive et au ve siècle, que les amulettes s’introduisent dans l’Église et que des

    les auraient eus en horreur. Basilide adoptait Abrasax (Irénée, 1, xxiv, 7) comme tant d’autres mots sacramentels ; mais rien de plus faux que d’appeler basilidiennes toutes les pierres où on lit ΑΒΡΑϹΑΞ. Iao n’est pas non plus une invention de Valentin (Irénée, I, iv, 1 ; comp., I, xxi, 3). Pas un texte des Pères de l’Église ne mentionne, chez les gnostiques, de pareils talismans. Il faut faire exception pour les ophites, qui ne sont vraiment pas chrétiens.

  1. Voir les Recueils de Jean L’Heureux (Macarius) ou Chifflet, Du Molinet, Montfaucon, Caylus, Bellermann, Kopp, King, Matter, Baudissin, Parthey, Frœhner, Chabouillet. Cf. Bull. de la Soc. des ant. de Fr., 1859, p. 191 et suiv.
  2. Voir les classifications établies par M. de Baudissin, Stud. zur sem. Rel., p. 189 et suiv.