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rante. Ces noms orientaux avaient plus d’emphase que les noms grecs, et on donnait une singulière raison de leur supériorité théurgique : c’est que la Divinité ayant été plus anciennement invoquée par les Orientaux que par les Grecs, les noms de la théologie orientale répondaient mieux que les noms helléniques à la nature des dieux et leur plaisaient davantage[1]. Les noms d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, de Salomon passaient en Égypte pour des talismans de première force[2]. Des amulettes répondant à ce syncrétisme effréné couvraient tout le monde[3]. Les

  1. Celse, dans Orig., VIII, 37 ; Jamblique, De mysteriis, sect. vii, 4 et suiv., p. 256 et suiv., édit. Parthey.
  2. Origène, Contre Celse, I, 22 et suiv. Cf. IV, 33, 34 ; VI, 39. Comp. la pierre Vattier de Bourville, Revue arch., 1848, p. 153, 280 et suiv. Pour le nom de Moïse, voir Montfaucon, Ant. expl., II, ii, pl. clvi, bas. Comp. les papyrus de Berlin, i, ligne 219 ; ii, ligne 115, Parthey, dans les Mém. de l’Acad. de Berlin, 1865, Comptes rendus de l’Acad. des inscr., 1880, p. 278.
  3. Voir le papyrus Anastasi, no 1073, maintenant à la Bibl. nat. (Notice de Fr. Lenormant, p. 87) ; les papyrus de Leyde, i, 383, 384 : Reuvens, Lettre à M. Letronne (Leyde, 1830) ; Leemans, Aegyptische Papyrus, Leyde, 1839, et t. II des Grieksche papyrussen van het museum te Leyden (cf. Anastasi, no 1072), les papyrus de Berlin : Parthey, dans les Mém. de l’Acad. de Berlin, 1865, p. 109 et suiv. C’est à tort que l’on désigne ces monuments par le nom de gnostiques. Ils n’ont presque rien de chrétien (apparentes exceptions dans Chabouillet, Catalogue des camées, nos 2169, 2176, 2220, 2222, 2223 ; dans Reuvens, Lettre à M. Letronne, p. 25), et les chrétiens, même gnostiques,