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parents chrétiens[1], et Plotin, son disciple, en sont tout imprégnés. Les esprits les plus ouverts, tels que Numénius d’Apamée, entraient par cette voie dans la connaissance des doctrines juives et chrétiennes, jusque-là si rare au sein du monde païen[2]. La philosophie alexandrine du iiie, du ive, du ve siècle est pleine de ce qu’on peut appeler l’esprit gnostique, et elle lègue à la philosophie arabe un germe de mysticisme, que celle-ci développera encore[3]. Le judaïsme, de son côté, subira les mêmes influences[4]. La Cabbale n’est pas autre chose que le gnosticisme des juifs. Les sephiroth sont les « perfections » de Valentin. Le monothéisme, pour se créer une mythologie, n’a qu’un procédé, c’est d’animer les abstractions qu’il a coutume de ranger comme des attributs autour du trône de l’Éternel.

Le monde, fatigué d’un polythéisme épuisé, demandait à l’Orient, et surtout à la Judée, des noms divins, moins usés que ceux de la mythologie cou-

  1. Porphyre, dans Eus., H. E., VI, xix, 7 (cf. 10, où l’on remarquera la confusion d’homonymes commise par Eusèbe).
  2. Eus., Præp. evang., IX, 7 ; XI, 10, 18, 22 ; Proclus, in Tim., l. II, ch. 93.
  3. Théorie des sphères (éons), dont la dernière, c’est-à-dire la plus rapprochée de la terre, de laquelle dépend le gouvernement des choses humaines, est la moins relevée.
  4. Les idées des Falaschas, juifs d’Abyssinie, sont fortement empreintes de gnosticisme.