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les Épîtres aux Colossiens et aux Éphésiens, les écrits pseudo-johanniques avaient été sous ce rapport aussi loin que possible. Les gnostiques faussaient le droit sens de tous les mots en se prétendant chrétiens. L’essence de l’œuvre de Jésus, c’était l’amélioration du cœur. Or ces spéculations creuses renfermaient tout au monde, excepté du bon sens et de la bonne morale. Même en tenant pour des calomnies ce que l’on racontait de leurs promiscuités et de leurs habitudes licencieuses[1], on ne peut douter que les sectes dont nous parlons n’aient eu en commun une fâcheuse tendance à l’indifférence morale, un quiétisme dangereux, un manque de générosité qui leur faisait proclamer l’inutilité du martyre[2]. Leur docétisme obstiné[3], leur système sur l’attribution des deux Testaments à deux dieux différents[4], leur opposition au mariage[5], leur négation de la résurrection et du

  1. Épiph., xxvi, 3, 4, 11.
  2. Tertullien, Scorp., 1, 15 ; saint Jérôme, In Vigil., c. 3.
  3. Irénée, III, xi, 3 ; Clém. d’Alex., Strom., III, c. 13 et suiv. ; VII, ch. 17 ; Philos., VIII, 1 et suiv. Orig., Contre Celse, II, 13 ; Épiph., xxvi, 10 ; saint Jérôme, In lucif., 8 ; Théodoret, Hær. fab., proœm. et l. V, c. 12 ; Tertullien, De carne Christi, ch. 1 ; Épîtres de saint Ignace.
  4. Irénée, II, xxxv, 2 et suiv. ; Épiph., xxvi, 6, 11, 15 ; lettre de Ptolémée à Flora, dans Épiph., xxxiii, 3, 7.
  5. Οἱ τοῦ νόμου κατατρέχοντες καὶ τοῦ γάμου. Clém. d’Alex., Strom., IV, 18.