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Jésus-Christ se composait pour eux de deux personnes, Jésus et Christ — Jésus, fils de Marie, le plus juste, le plus sage et le plus pur des hommes, qui fut crucifié ; — Christ, éon céleste, qui vint s’unir à Jésus, le quitta avant la Passion, envoya du ciel une vertu qui fit ressusciter Jésus avec un corps spirituel, dans lequel il vécut dix-huit mois, donnant à un petit nombre de disciples élus un enseignement supérieur.

Sur ces confins perdus du christianisme, les dogmes les plus divers se mêlaient. La tolérance des gnostiques, leur prosélytisme ouvraient si larges les portes de l’Église que tout y passait. Des religions qui n’avaient rien de commun avec le christianisme, des cultes babyloniens, peut-être des rameaux du bouddhisme, furent classés et numérotés par les hérésiologues parmi les sectes chrétiennes. Tels furent les baptistes ou sabiens, depuis désignés sous le nom de mendaïtes[1], les pérates[2], partisans d’une

  1. Journ. asiat., nov.-déc. 1853, p. 436, 437 ; août-sept. 1855, p. 292-294. Voir aussi Siouffi, Relig. des Soubbas, Paris, 1880. Se rappeler que les Soubbas ou Sabiens sont probablement des elkasaïtes.
  2. Clément d’Alex., Strom., VII, 17 ; Philosophumena, V, 12 et suiv. ; X, 10 ; Théodoret, I, 17. Cf. Journal asiat., nov.-déc. 1853, p. 436, 437. Ce nom paraît venir de ce que la secte naquit au delà de l’Euphrate. Cf. Gen., xiv, 15 (grec).