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Markos[1], dont les disciples s’appelaient markosiens[2], sortit, au contraire, de l’école de Basilide. Les formules sur la tétrade, qu’il prétendait lui avoir été révélées par une femme céleste, qui n’était autre que Sigé elle-même, eussent été inoffensives s’il n’y eût joint la magie, des prestiges de thaumaturge, des philtres, des arts coupables pour séduire les femmes. Il inventa des sacrements particuliers, des rites, des onctions et surtout une sorte de messe à son usage, qui pouvait être assez imposante, quoiqu’il s’y mêlât des tours de passe-passe analogues aux miracles de saint Janvier. Il prétendait, par la vertu d’une certaine formule, changer réellement l’eau en sang dans le calice. Au moyen d’une poudre, il donnait à l’eau une couleur rougeâtre. Il faisait faire la consécration par une femme sur un petit calice ; puis il versait l’eau du petit calice dans un plus grand qu’il

  1. Saint Justin, Dial., 35 (douteux) ; Canon de Muratori, ligne 82 (douteux) ; Irénée, I, ch. 13 et suivants ; Tertullien (ut fertur), Præscr., 50 ; Pseudo-Aug., 14 ; Épiph., Hær., xxxiv ; Théodoret, I, 11 ; Philosoph., VI, 39 et suiv. Les archontiques d’Épiphane et de Théodoret sont une branche des markosiens. Le livre des Mystères des lettres grecques, conservé en copte, paraît un traité markosien.
  2. Cette dérivation irrégulière vient peut-être d’une forme sémitique markosi (comme épicurosi, boëthusi, etc.). Opposez Μαρκιανοί dans saint Justin (Dial., 35, édit. Otto).