Page:Renan - Marc-Aurèle et la Fin du monde antique.djvu/144

Cette page a été validée par deux contributeurs.

naturel et divin, toutes ces sectes, prodiciens, entychites, adamites, niaient la valeur des lois établies, qu’ils qualifiaient de règles arbitraires et de prétendues lois[1].

Les nombreuses conversions de païens qui avaient lieu entraînaient ces sortes de scandales. On entrait dans l’Église, attiré par un certain parfum de pureté morale ; mais on ne devenait pas pour cela un saint. Un peintre d’un certain talent, nommé Hermogène, se fit ainsi chrétien, mais sans renoncer à la liberté de ses pinceaux, ni à son goût pour les femmes, ni à ses souvenirs de philosophie grecque, qu’il amalgamait tant bien que mal avec le dogme chrétien. Il admettait une matière première, servant de substratum à toutes les œuvres de Dieu et cause des défectuosités inhérentes à la création. On lui prêta des bizarreries, et les rigoristes tels que Tertullien le traitèrent avec une extrême brutalité[2].

Les hérésies dont nous venons de parler étaient toutes helléniques. C’était la philosophie grecque, surtout celle de Platon, qui en était l’origine.

  1. Νομιζόμενοι νόμοι.
  2. Eusèbe, IV, xxiv, 1 ; Clém. d’Alex., Ecl. ex script. proph., 56 ; Tertullien, traité In Hermogenem entier ; Præscr., 30 ; De monog., 16 ; De anima, 1, 4 ; Théodoret, I, 19 ; Philastre, 53 ; Pseudo-Aug., 41.