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doctrine des sages, Pythagore, Platon, Jésus, où régneraient l’égalité et, par conséquent, la communauté de toute chose[1]. Son tort fut de croire qu’un tel monde peut avoir sa place dans la réalité. Égaré par la République de Platon, qu’il prenait au sérieux, il versa dans les plus tristes sophismes, et, quoiqu’il faille sans doute beaucoup rabattre des calomnies banales que l’on racontait sur ces festins où, les lumières éteintes, les convives se livraient à une odieuse promiscuité, il est difficile de ne pas admettre qu’il se produisit de ce côté d’étranges folies. Une certaine Marcelline, qui vint à Rome sous Anicet, adorait les images de Jésus-Christ, de Pythagore, de Platon et d’Aristote, et leur offrait un culte[2]. Prodicus et ses disciples, nommés aussi adamites, prétendaient renouveler les joies du paradis terrestre par des pratiques fort éloignées de l’innocence primitive. Leur Église s’appelait le Paradis ; ils la chauffaient et s’y tenaient nus. Avec cela, ils s’appelaient les continents et avaient la prétention de vivre dans une entière virginité[3]. Au nom d’une sorte de droit

  1. Κοινωνία ἀπάντων μετ’ ἰσότητος.
  2. Irénée, I, ch. xxv, 6 ; Pseudo-Aug., 7 ; Gelse dans Origène, Contre Celse, V, 62.
  3. Clém. d’Alex., Strom., I, ch. 15 ; III, ch. 4 ; VII, ch. 7 ; Tert., Adv. Prax., 3 ; Origène, De oratione, 5 ; Épiphane, Hær., lii ; Théodoret, Hær. fab., I, 6 ; Pseudo-Aug., 31.