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à quel degré d’extravagance en venaient des spéculations, assez belles dans la pensée de leurs auteurs, quand elles tombaient en des esprits puérils. Jésus, après sa résurrection, est censé passer onze ans sur la terre pour enseigner à ses disciples les plus hautes vérités. Il leur raconte[1] l’histoire de Pisté Sophia, comment celle-ci, entraînée par son désir imprudent de saisir la lumière, qu’elle a entrevue dans le lointain, était tombée dans le chaos matériel ; comment elle fut longtemps persécutée par les autres éons, qui lui refusaient son rang ; comment enfin elle traversa une série d’épreuves et de repentances, jusqu’à ce qu’un envoyé céleste, Jésus, descendît pour elle de la région lumineuse. Sophia est sauvée pour avoir cru à ce sauveur avant de l’avoir vu. Tout cela est exprimé dans un style prolixe, avec les procédés fatigants d’amplification et d’hyperbole des évangiles apocryphes. Marie, Pierre, Madeleine, Marthe, Jean Parthénos et les différents

    L’ouvrage est peut-être identique aux « Petites interrogations de Marie », dont Épiphane parle comme d’un ouvrage gnostique. Voyez l’Égl. chrét., p. 528. La Pisté Sophia consiste, en effet, pour la plus grande partie, en interrogations adressées par Marie à Jésus. D’autre part, les Psaumes de Valentin (Tertull., De carne Christi, 17, 20) pourraient être les psaumes (μενάνοιαι) que l’auteur met dans la bouche de Pistis Sophia. (Schwartze, p. 35, 39, 61, etc.).

  1. P. 30 et suiv.