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était savante, mais peu assurée. Quand on les pressait avec des textes de l’Écriture, ils disaient que l’Écriture avait été corrompue. Quand la tradition apostolique leur était contraire, ils n’hésitaient pas non plus à la rejeter[1]. Ils avaient, paraît-il, un Évangile qu’ils appelaient l’Évangile de la vérité[2]. Ils ignoraient en réalité l’Évangile du Christ. Ils substituaient au salut par la foi ou par les œuvres un salut par la gnose, c’est-à-dire par la connaissance d’une prétendue vérité. Si une pareille tendance avait prévalu, le christianisme eût cessé d’être un fait moral pour devenir une cosmogonie et une métaphysique sans influence sur la marche générale de l’humanité.

Ce n’est jamais impunément, d’ailleurs, qu’on fait miroiter aux yeux du peuple des formules abstruses, dont on se réserve le sens. Un seul livre valentinien nous est resté, « La Fidèle sagesse[3] » ; et il montre

    que plus tard qu’ils eurent des vierges, comme les marcionites. Ils arrivèrent même, dit-on, à condamner le mariage. Jean Chrys., De virg., ch. 3, 6.

  1. Irénée, I, proœm. ; III, ii et xv ; Tertullien, Præscr., 38, [49] ; Orig., Contre Celse, II, 27.
  2. Irénée, III, xi, 9.
  3. On en a la traduction copte. Pistis (lisez Pisté ?) Sophia, opus gnosticum Valentino adjudicatum… vertit Schwartze, edidit Petermann. Berlin, 1851. Cf. Journal asiat., mai 1847, et Comptes rendus de l’Académie des inscr., 1872, p. 333 et suiv.