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sagesse « barbare » ; l’insulte[1] et le sarcasme[2] seront leurs armes habituelles.

L’école modérée de Justin sembla d’abord l’emporter. Des écrits tout à fait analogues à ceux du philosophe de Naplouse, en particulier le Logos parænéticos, le Logos adressé aux Hellènes[3], et le traité De la monarchie, caractérisés par de nombreuses citations païennes, sibylliques, pseudo-chaldéennes, vinrent se grouper autour de ses œuvres principales. On était naïf encore. L’auteur inconnu du Logos parænéticos, le tolérant Athénagore, l’adroit Minucius Felix, Clément d’Alexandrie et, jusqu’à un certain point, Théophile d’Antioche, cherchent à tous les dogmes des fondements rationnels. Même les dogmes les plus mystérieux, les plus étrangers à la philosophie grecque, comme la résurrection des corps, ont, pour ces larges théologiens, des antécédents helléniques. Le christianisme a, selon eux, ses racines

  1. Tertullien, Apol., 19, 45.
  2. Διασυρμός d’Hermias.
  3. Eus., H. E., IV, 18 ; saint Jér., De viris ill., 23. Le Λόγος παραινετικός fait des emprunts à la Chronique de Jules Africain et est par conséquent postérieur à l’an 221. Cf. Zeitschrift für Kirchengesch., II, p. 319 et suiv. Quant au Λόγος πρὸς Ἑλλήνας, commençant par Μὴ ὑπολάϐητε, on a été amené, par des raisons insuffisantes, à l’attribuer, soit à Ambroise, l’ami d’Origène, soit à Apollonius (Eus., H. E., V, 21). Cf. Cureton, Spicil. syr., p. 41 et suiv. ; Otto, Corp. apol., IX, p. xxviii et suiv.