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comme celle que Josèphe avait déployée dans son ouvrage contre Apion, vient ici à son aide[1]. Moïse est, selon lui, bien plus ancien qu’Homère[2]. Les Grecs n’ont rien inventé par eux-mêmes ; ils ont tout appris des autres peuples, notamment des Orientaux[3]. Ils n’ont excellé que dans l’art d’écrire[4] ; pour le fond des idées, ils sont inférieurs aux autres nations[5]. Les grammairiens sont la cause de tout le mal[6] ; ce sont eux qui, par leurs mensonges, ont embelli l’erreur et créé cette réputation usurpée qui est le principal obstacle au triomphe de la vérité. Les écrivains assyriens, phéniciens, égyptiens[7], voilà les vraies autorités !

Loin d’améliorer qui que ce soit, la philosophie grecque n’a pas su préserver ses adeptes des plus grands crimes. Diogène était intempérant ; Platon,

  1. Adv. Gr., 36-39.
  2. Ibid., 31, 36-41.
  3. Ibid., 1, 40, 41. Cette thèse des emprunts faits par les Grecs aux Hébreux est commune aux deux écoles d’apologistes. Pour saint Justin, voir l’Égl. chrét., p. 377 ; pour Clément d’Alex., voir Strom., I, ch. 1, 15, 21 ; II, ch. 5 ; V et VI ; Pædag., I, ch. 1 ; Minucius Felix, 34. Mais on tirait de ce fait des conséquences opposées.
  4. Adv. Gr., 1, 14.
  5. Ibid., 14, 26
  6. Ibid., 26.
  7. Ibid., 36-39.