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ses règlements et ses lois[1]. La maison de l’évêque était déjà considérable ; elle devait être entretenue par les fidèles à frais communs. Les idées de l’ancienne loi sur la dîme et les offrandes dues aux prêtres étaient peu à peu ramenées[2]. Une forte théocratie tendait à s’établir.

L’Église, en effet, absorbait tout ; la société civile était avilie et méprisée[3]. À l’empereur on doit le cens et les salutations officielles, voilà tout[4]. Le chrétien ainsi formé ne peut vivre qu’avec des chrétiens. Il était recommandé d’attirer les païens par le charme de manières aimables, quand on pouvait espérer qu’ils se convertiraient[5]. Mais, en dehors de cette espérance, les relations avec les infidèles étaient entourées de telles précautions et impliquaient tant de mépris, qu’elles devaient être bien rares. Une société mixte de païens et de chrétiens sera impossible. Il est défendu de prendre part aux réjouissances des païens, de manger et de se divertir avec eux, d’assister à leurs spectacles, à leurs jeux, à toutes les grandes réunions profanes. Même les marchés pu-

  1. Constit. apost., II, 46 et suiv. Cf. Epist. Clem. ad Jac., 5, 10, et Hom., iii, 67.
  2. Constit. apost., II, 25, 34, 35.
  3. Ibid., II, 61.
  4. Ibid., V, 13.
  5. Ibid., V, 10.