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aux Reconnaissances, Pierre, avant de mourir, tient un long discours sur l’épiscopat, ses devoirs, ses difficultés, son excellence, sur les prêtres, les diacres, les catéchistes, qui est comme une édition nouvelle des épîtres à Tite et à Timothée[1]. Les Constitutions apostoliques furent une sorte de codification, successivement agrandie, de ces préceptes pastoraux. Ce que Rome fonda, ce n’est pas le dogme ; peu d’Églises furent plus stériles en spéculations, moins pures sous le rapport de la doctrine : l’ébionisme, le montanisme, l’artémonisme, y eurent tour à tour la majorité. Ce que Rome fit, c’est la discipline, c’est le catholicisme.

À Rome, probablement le mot d’« Église catholique » fut écrit pour la première fois[2]. Évêque, prêtre, laïque, tous ces mots prennent dans cette Église hiérarchique un sens déterminé. L’Église est un navire où chaque dignitaire a sa fonction pour le salut des passagers[3]. La morale était sévère et sent déjà le cloître. Le simple goût de la richesse est condamné[4]. La parure des femmes n’est qu’une

  1. Epist. Clem. ad. Jac., 5 et suiv.
  2. Θεοῦ φυτεία ἡ καθολικὴ ἐκκλησία. Constit apostol., I, 1. Conf. pseudo-Ignace, ci-après, p. 418.
  3. Epist. Clem. ad Jac., 14-15.
  4. Const. apost., I, 2 ; IV, 4.