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elle a faim avec lui, s’il a faim ; émigre-t-il, elle émigre ; elle le console quand il est triste ; quand même elle aurait une dot supérieure à l’avoir de son mari, elle prend l’attitude subalterne de quelqu’un qui n’a rien. Le mari, de son côté, s’il a une femme pauvre, doit considérer sa sagesse comme une ample dot. La femme sage est sobre sur le boire et le manger ;… elle ne reste jamais seule avec des jeunes gens, elle se défie même des vieillards, elle évite les rires désordonnés,… elle se plaît aux discours graves, elle fuit ceux qui n’ont pas trait à la bienséance[1].


La bonne Mattidie, mère de Clément, est un exemple de la mise en pratique de ces pieuses maximes. Païenne, elle sacrifie tout à la chasteté ; la chasteté la préserve des plus grands périls et lui vaut la connaissance de la vraie religion[2].

La prédication chrétienne se développait, se mêlait au culte[3]. Le sermon était la partie essentielle de la réunion sacrée. L’Église devenait la mère de toute édification et de toute consolation. Les règles sur la discipline ecclésiastique se multipliaient déjà. Pour leur donner de l’autorité, on les rapportait aux apôtres, et, comme Clément était censé le meilleur garant quand il s’agissait de traditions apostoliques, puis-

  1. Homélies, xiii, 13-21. Cf. Constit apost., VI, 29.
  2. Homél., xiii, 20.
  3. Voir les homélies xiii et xiv, et la lettre à Jacques, 12, 16.