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bonne heure, fassent marier même les vieillards[1]. La femme chrétienne aime son mari, le couvre de caresses, le flatte, le sert, cherche à lui plaire, lui obéit en tout ce qui n’est pas une désobéissance à Dieu. Être aimé d’un autre que son mari est pour elle une vive peine. Oh ! combien fou est le mari qui cherche à séparer sa femme de la crainte de Dieu ! La grande source de la chasteté, c’est l’Église. C’est là que la femme apprend ses devoirs et entend parler de ce jugement de Dieu qui punit un moment de plaisir d’un supplice éternel. Le mari devrait forcer sa femme d’aller à de tels sermons, s’il n’y réussissait par les caresses.


Mais ce qu’il y a de mieux, ajoute l’auteur s’adressant au mari, c’est que tu y viennes toi-même, la conduisant par la main, pour que, toi aussi, tu sois chaste et puisses connaître le bonheur du mariage respectable. Devenir père, aimer tes enfants, être aimé d’eux, tout cela est à ta disposition, si tu le désires. Celui qui veut avoir une femme chaste vit chastement, lui rend le devoir conjugal, mange avec elle, vit avec elle, vient avec elle au prêche sanctifiant, ne l’attriste pas, ne la querelle pas sans raison, cherche à lui plaire, lui procure tous les agréments qu’il peut, et supplée à ceux qu’il ne peut lui donner par ses caresses. Ces caresses, du reste, la femme chaste ne les attend pas pour remplir ses devoirs. Elle tient son mari pour son maître. Est-il pauvre, elle supporte sa pauvreté ;

  1. Lettre à Jacques, 7. Cf. Epiph., xxx, 15.