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doivent tout surveiller, tout savoir pour lui[1]. Une sorte d’espionnage est recommandé ; ce qu’on peut appeler l’esprit clérical n’a jamais été exprimé en traits plus forts.

Les abstinences et les pratiques esséniennes étaient placées très haut[2]. La pureté des mœurs était la principale préoccupation de ces bons sectaires. L’adultère, à leurs yeux, est pire que l’homicide. « La femme chaste est la plus belle chose du monde, le plus parfait souvenir de la création primitive de Dieu. La femme pieuse, qui ne trouve son plaisir qu’avec les saints, est l’ornement, le parfum et l’exemple de l’Église ; elle aide les chastes à être chastes ; elle charme Dieu lui-même. Dieu l’aime, la désire, se la garde ; elle est son enfant, la fiancée du Fils de Dieu, vêtue qu’elle est de lumière sainte[3]. »

Ces mystiques images ne font pas de l’auteur un partisan de la virginité. Il est trop juif pour cela. Il veut que les prêtres marient les jeunes gens de

  1. Lettre à Jacques, 12, 17, 18.
  2. Hom., iv, 6 ; vi, 26 ; ix, 23 ; x, 26 ; xi, 34 ; xii, 6 ; xiv, 1 ; xv, 17 ; Recogn., IV, 3 ; V, 36 ; Epiph., Hær., xxx, 15. Voir, comme atténuation, Recogn., I, 12 ; III, 38 ; VII, 24, et, ci-après, ce qui concerne le mariage.
  3. Homél., xiii, 15, 16 ; lettre à Jacques, 6, 7. Comp. Constit. apost., I, 8, 10.