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mort de Jésus et ne laisse croire qu’il attache une importance théologique à cette mort.

Jésus est donc un prophète, le dernier des prophètes, celui que Moïse avait annoncé comme devant venir après lui[1]. Sa religion n’est qu’une épuration de celle de Moïse, un choix entre des traditions dont les unes étaient bonnes, les autres mauvaises[2]. Sa religion est parfaite ; elle convient aux juifs et aux Hellènes, aux hommes instruits et aux barbares ; elle satisfait également le cœur et l’esprit. Elle se continue dans le temps par les douze apôtres, dont le chef est Pierre, et par ceux qui tiennent d’eux leurs pouvoirs. L’appel à des songes, à des visions privées, est le fait de présomptueux[3].

Mélange bizarre d’ébionisme et de libéralisme philosophique, de catholicisme étroit et d’hérésie, d’amour exalté pour Jésus[4] et de crainte qu’on

    des elkasaïtes, font de nos jours exactement le même raisonnement contre la doctrine catholique. Siouffi, Relig. des Soubbas, p. 34-35. Se rappeler Mahomet, qui eut tant de rapports avec l’elkasaïsme. Voir les Évangiles, ch. xx.

  1. Homél., iii, 45-57.
  2. Tel est le sens du précepte si souvent attribué par cette secte à Jésus : « Soyez des changeurs exacts », ne gardant que ce qui est de bon aloi Hom., ii, 51 ; iii, 48, 50, 51 ; xviii, 20 ; Recogn., II, 51 ; Clém. Alex., Strom., I, 28 ; Pistis Sophia, p. 220.
  3. Homél., xvii et xviii, surtout xvii, 18-19 ; xviii, 6.
  4. Ibid., iii, 54.