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vérités cachées dans le cœur de tous les hommes deviennent visibles pour chacun d’eux ; connaître ainsi, ce n’est pas apprendre, c’est comprendre[1].

La relation de Jésus avec Dieu a été celle de tous les autres prophètes. Il a été l’instrument de l’Esprit, voilà tout. L’Adam idéal, qui se trouve plus ou moins obscurci chez tout homme venant en ce monde, est, chez les prophètes, colonnes du monde, à l’état de claire connaissance et de pleine possession. « Notre-Seigneur, dit Pierre, n’a jamais dit qu’il y eût d’autre Dieu que celui qui a créé toute chose, et ne s’est pas proclamé Dieu ; il a seulement, avec raison, déclaré heureux celui qui l’avait proclamé fils du Dieu qui a tout créé. — Mais ne te semble-t-il pas, dit Simon, que celui qui provient de Dieu[2] est Dieu ? — Comment cela pourrait-il être ? répond Pierre. L’essence du Père est de n’avoir pas été engendré ; l’essence du Fils est d’avoir été engendré ; or ce qui a été engendré ne saurait se comparer à ce qui n’a pas été engendré ou à ce qui s’engendre soi-même. Celui qui n’est pas en tout identique à un autre être ne peut avoir les mêmes appellations communes avec lui[3]. » Jamais l’auteur ne parle de la

  1. Homél., xviii, 6.
  2. Τὸν ἀπὸ θεοῦ.
  3. Homél., xvi, 15-17. Les sabiens ou mendaïtes, qui sont