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phètes successifs, Adam, Abel, Hénoch, Noé, Abraham, Moïse ; ou plutôt un seul prophète, Adam immortel et impeccable, l’homme-type par excellence, la parfaite image de Dieu, le Christ, toujours vivant, toujours changeant de forme et de nom, parcourt sans cesse le monde et remplit l’histoire, prêchant éternellement la même loi du même Esprit Saint[1].

La vraie loi de Moïse avait presque réalisé l’idéal de la religion absolue. Mais Moïse n’écrivit rien[2], et ses institutions furent altérées par ses successeurs[3]. Les sacrifices furent une victoire du paganisme sur la loi pure[4]. Une foule d’erreurs se sont glissées dans l’Ancien Testament[5]. David, avec sa harpe et

  1. Homél., ii, 15-47 ; iii, 20-26. Comp. Epiph., liii, 1 ; Évang. des Hébr., p. 15, ligne 22-23, Hilg. Mahomet se rattachait par ici à l’esséno-ébionisme : il soutenait qu’il était à son tour « le vrai prophète », révélateur de l’unique et primitif kitâb. Sprenger, Leben Mohammad, I, p. 23 et suiv. ; G. Rœsch, dans Theol. Stud. und Krit., 1876, p. 417 et suiv.
  2. Pour retirer à Moïse la rédaction du Pentateuque, l’auteur fait valoir les mêmes raisons que la critique moderne : récit de la mort de Moïse, découverte de Helcias, rôle d’Esdras.
  3. Homél., ii, 38 ; iii, 8 ; iii, 42, 43-58.
  4. Idée essénienne. Homél., iii, 26 ; Recognit., III, 24, 26 ; cf. Évangile ébionite, dans Épiph., xxx, 16.
  5. Homél., ii, 38, 39, 43, 44, 65 ; iii, 10. Comparez les assertions analogues des ébionites (dans Épiphane), de Ptolémée, d’Apelle. Méthodius, Conviv. dec. virg., or. 8.