Page:Renan - Ma soeur Henriette, Calmann-Levy, 1895.djvu/68

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’épuration. Elle rejetait absolument le surnaturel ; mais elle gardait au christianisme un haut attachement. Ce n’était pas précisément le protestantisme, même le plus large, qui lui plaisait. Elle conservait un charmant souvenir du catholicisme, de ses chants, de ses psaumes, des pratiques pieuses dont elle avait été bercée en son enfance. C’était une sainte, moins la foi précise au symbole et les étroites observances. Un mois environ avant sa mort, nous eûmes avec l’excellent docteur Gaillardot une conversation religieuse sur la terrasse de notre maison de Ghazir. Elle me retenait sur la pente des formules d’un Dieu inconscient et d’une immortalité purement idéale, où je me laissai entraîner. Sans être déiste à la façon vulgaire, elle ne voulait pas qu’on réduisît la religion à une pure abstraction. Dans la pratique, au moins, tout pour elle devenait clair : « Oui, nous dit-elle, à ma