Page:Renan - Ma soeur Henriette, Calmann-Levy, 1895.djvu/48

Cette page a été validée par deux contributeurs.

langueur. Ses yeux étaient d’une rare douceur, sa main était la plus fine et la plus ravissante qui se pût voir. Des propositions furent faites ; des conditions discrètement indiquées. Ces conditions auraient eu pour effet de la détacher en quelque sorte des siens, pour lesquels on supposait qu’elle avait assez travaillé. Elle refusa, quoique la netteté et la justesse de son esprit lui inspirassent un vrai penchant pour des qualités toutes semblables qu’elle rencontrait. Elle préféra la pauvreté à la richesse non partagée avec sa famille. Sa situation cependant devenait de plus en plus pénible. Les salaires qui lui eussent été dus étaient si irrégulièrement payés que par moments nous regrettions d’avoir quitté Lannion, où nous avions trouvé plus de dévouement et de sympathie.

Elle résolut alors de boire le calice jusqu’à la lie (1835). Une amie de notre famille, qui