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la vie religieuse avait fortement préoccupé son esprit. Le soir, en hiver, elle m’amenait à l’église sous son manteau ; c’était pour moi une grande joie de fouler la neige ainsi abrité de toutes parts. Sans moi, elle eût sans contredit adopté un état qui, vu son instruction, ses dispositions pieuses, son manque de fortune et les coutumes du pays, semblait pour elle tout à fait indiqué. C’était surtout vers le couvent de Sainte-Anne, à Lannion, joignant le soin des malades à l’éducation des demoiselles, que se tournaient ses désirs. Hélas ! peut-être, si elle eût suivi cette pensée, eût-elle mieux travaillé pour son repos ! Mais elle était trop bonne fille et trop tendre sœur pour préférer son repos à ses devoirs, même quand des préjugés religieux qu’elle partageait encore devaient la rassurer. Dès lors, elle s’envisageait comme chargée de mon avenir. Un jour, trouvant mes mouvements em-