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Qu’elle m’attende donc sous les palmiers d’Amschit, sur la terre des mystères antiques, près de la sainte Byblos.


Nous ignorons les rapports des grandes âmes avec l’infini ; mais si, comme tout porte à le croire, la conscience n’est qu’une communion passagère avec l’univers, communion qui nous fait entrer plus ou moins avant dans le sein de Dieu, n’est-ce pas pour les âmes comme celle-ci que l’immortalité est faite ? Si l’homme a le pouvoir de sculpter, d’après un modèle divin qu’il ne choisit pas, une grande personnalité morale, composée en parties égales et de lui et de l’idéal, ce qui vit avec une pleine réalité, assurément c’est cela. Ce n’est pas la matière qui est, puisqu’elle n’est pas une ; ce n’est pas l’atome qui est, puisqu’il est inconscient. C’est l’âme qui est, quand elle a vraiment marqué sa trace dans