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au commandant de revenir à Beyrouth pour en repartir aussitôt avec de nouveaux secours. Le commandant adopta cet avis. Tenant trop de compte seulement des formalités de la pratique turque, à laquelle les autres marines, même en l’absence de motifs graves, ne se soumettent pas, il ne partit que le lundi à quatre heures du matin. A six heures, il était à Beyrouth, prévint l’amiral Pâris, qui, avec sa rare courtoisie, lui ordonna de repartir après qu’il aurait pris le docteur Louvel, de l’Algésiras, médecin en chef de l’escadre, et le docteur Suquet, médecin sanitaire français à Beyrouth, reconnu de tout le monde pour celui des médecins français qui a étudié le plus profondément les maladies de la Syrie.

A dix heures et demie, tous ces messieurs étaient à Amschit. Presque en même temps, le docteur Gaillardot y arrivait de son côté par terre. Depuis la veille au soir, nous étions étendus tous les deux sans connaissance, vis-à-vis l’un de l’autre, dans le grand salon de Zakhia, soignés uniquement par Antoun. La bonne famille Zakhia était rangée autour de nous, pleurant et nous défendant contre le