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devenait clair : « Oui, nous dit-elle, à ma dernière heure, j’aurai la consolation de me dire que j’ai fait le plus de bien possible ; s’il y a quelque chose qui ne soit point vanité, c’est cela. »

Un sentiment exquis de la nature était la source de ses plus fines jouissances. Une belle journée, un rayon de soleil, une fleur suffisaient pour l’enchanter. Elle comprenait très bien l’art délicat des grandes écoles idéalistes de l’Italie ; mais elle ne pouvait se plaire à l’art brutal et violent qui se propose autre chose que la beauté. Une circonstance particulière lui donna une rare connaissance de l’histoire de l’art du moyen âge. Elle rassembla pour moi toutes les notes du discours sur l’état des beaux-arts au xive siècle, qui fera partie du tome xxiv° de l’Histoire littéraire de la France. Pour cela, elle dépouilla avec une patience et une exactitude admirables les grandes collections archéologiques publiées depuis un demi-siècle, recueillant tout ce qui se rapportait à notre objet. Ses vues, qu’elle consignait en même temps, étaient d’une rare justesse, et je n’ai eu presque toujours qu’à