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Le second parti, qui ne saurait me manquer, au cas que le premier fît défaut, serait d’accepter une place analogue chez M. et madame Pataud, a qui mademoiselle Ulliac a eu la bonté de m’adresser. J’y serais occupé quatre heures par jour, et, deux jours par semaine au moins, cela irait à six heures. Et ce serait une surveillance, peu pénible il est vrai, sur dix jeunes gens, tous en rhétorique ou en philosophie. Pour les arrangements pécuniaires, je serais au pair. Mais considère, je te prie, la différence du temps et de la nature des occupations, et tu tomberas d’accord que la première place est plus avantageuse. Ici en effet, je suis employé, obligé de coucher au dortoir, ayant à peine une chambre à moi.

Il est vrai que M. et madame Pataud ont l’air d’excellentes gens. Ils m’ont témoigné beaucoup d’amitié, sitôt qu’ils ont su que j’étais ton frère, et m’ont parlé de toi avec les marques d’un grand intérêt. Je suis persuadé que ma vie y serait fort douce, et c’est ce dont m’assurait mademoiselle Ulliac qui, avec sa simplicité si délicate et si fine, m’a dit là-