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me faisant craindre que tu ne fusses encore longtemps privée de recevoir de mes nouvelles dans un moment si critique pour nous deux. Je tremble quand je songe que tu es peut-être encore sous l’impression de cette lettre que je t’écrivis d’auprès de notre mère, et qui t’offrait un tableau bien triste, parce qu’il était vrai, de mon état d’alors. Qui sait si ces lignes ne te parviendront pas avant celles que je t’écrivis dans les premiers jours après mon arrivée, et qui auraient pu te rassurer un peu ? Elles t’auraient au moins appris, bonne amie, comment, par un singulier concours de circonstances, tous mes liens se trouvèrent rompus avec une rapidité qui m’étonnait moi-même, comment je pus immédiatement faire les démarches nécessaires pour me procurer une position convenable à nos nouveaux projets, comment enfin, par les soins des personnes qui me sont attachées, et spécialement de mademoiselle Ulliac, plusieurs voies s’ouvrirent simultanément devant moi. Enfin, bonne amie, la seconde de ces lettres t’aurait appris comment, de tous ces projets divers, celui d’après lequel je devais me fixer au col-