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révélé toute une sphère nouvelle de moralité et de vertu. J’ai compris là qu’il y a quelque chose dans la vertu de la femme qui n’est pas dans la vertu de l’homme, et que ce quelque chose est extrêmement doux et pur. Elle a été pour moi d’une bonté charmante, ainsi que sa vieille mère, qui ne pouvait se lasser de parler de toi. Elles m’ont supplié de leur faire de fréquentes visites et d’envisager leur maison comme une maison maternelle. Que je te remercie, chère amie, de m’avoir introduit dans ce monde simple et pur. Ah ! que cela m’a fait de bien. J’étais fatigué du commerce fade que je venais d’avoir avec des hommes d’une banalité intérieure tout à fait intolérable, quoique fort distingués à l’extérieur. Ici, j’ai trouvé tout réuni. J’irai encore ce soir ou demain leur porter ma lettre. Mademoiselle Ulliac m’a aussi procuré aujourd’hui la visite de M. Stanislas Julien. C’est encore un excellent homme, d’une vivacité et d’un abandon tout à fait agréables. Malheureusement une tierce personne, qui était là présente, nous a beaucoup gênés. Il a fallu se tenir dans les généralités, dans des