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mère et le froissement de cœur que j’éprouve à dire adieu à mon aimable passé ! Ah ! que de sources de joie sont désormais taries pour moi ! Et pour ces sources grossières et vulgaires, jamais, jamais je n’y toucherai. — Je termine ici, bonne amie, le journal du 13. Te l’expédier immédiatement serait peut-être m’obliger à t’écrire encore demain ; car demain sera peut-être le jour décisif ; d’un autre côté, ce calcul me porterait peut-être de jour en jour à reculer trop loin son départ ; d’ailleurs il y a longtemps que tu n’as reçu de lettre de moi, et ma dernière, je me le rappelle, n’était pas rassurante. A demain donc, mais à demain irrévocablement.


Mercredi, 15.

Toutes ces affaires me font l’effet du mirage ; je crois voir devant moi le moment où elles vont se terminer, et ce moment fuit toujours. Hier, je croyais que tout finirait aujourd’hui, et je voulais attendre à t’envoyer ma lettre. Aujourd’hui je crois que tout finira demain ; mais je suis résolu à ne pas t’inquiéter plus