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et gravement mes relations avec ces messieurs de Saint-Sulpice. J’ai été charmé de l'estime et de l’affection qu’ils m’ont témoignées. Je n’eusse pas cru à tant de largeur dans le centre de la plus stricte orthodoxie. Ils sont persuadés, eux, que je reviendrai ; mon Henriette, croirais-tu que moi, j’aime à me le figurer, et que quand ils me le disaient, cela me faisait plaisir. Accuse-moi de faiblesse, si tu veux ; je ne suis pas de ceux qui ont un parti pris et qui sont résolus à n’en changer jamais, à quelque résultat scientifique qu’ils arrivent, et, après tout, tel est le christianisme, que je conçois fort bien qu’un même homme puisse en porter des jugements divers, suivant ses différentes phases d’instruction. Mais actuellement je ne puis croire à un revirement, du moins assez fort pour me porter jusqu’à l’orthodoxie catholique et sacerdotale.

Du moment où mes liens ont été rompus, j’ai dû tourner mes pensées et mes efforts vers un nouvel avenir. Telle est, en effet, maintenant l’occupation habituelle de mon activité et de mes réflexions. Tout marche promptement, chaque heure amène presque un nou-