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rable. J’ai tout dit à notre Alain, qui a tout apprécié et saisi du premier coup avec son bon sens admirable. Il est tombé entièrement d’accord avec toi et moi sur le fond de nos projets et la manière de les mettre à exécution. Son amitié profondément vraie, sa pénétration et sa droiture m’ont été d’un grand soutien ; Fanny a été aussi fort bonne. Mais j’ai été difficile sur le chapitre des offres pécuniaires que notre bon frère n’a pas manqué de me faire pour te soulager un peu dans l’onéreux de notre plan. Henriette, me le pardonneras-tu ? Je me suis rappelé que tu me disais que nous n’étions qu’un. Oui, mon amie, un jour aussi j’aimerai à te le dire.

C’est le 9 octobre au soir que je suis arrivé à Paris. C’est surtout depuis cette époque, ma chère Henriette, que les événements se sont pressés avec une effrayante rapidité ; moi-même, malgré la décision prise et quoique je comprisse que cette rapidité ne faisait qu’en avancer l’exécution, j’eusse voulu parfois en arrêter la marche précipitée. Comme je te le disais dans ma dernière lettre, j’ai dû, pour suivre le plan de ménagements auquel je