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que tu es enfin résolu, comme je l’espère et le désire ! Sois sûr, mon ami, que revenir au passé t’est complètement impossible : dès lors, il faut songer, et raisonnablement, à tirer parti de la situation présente. Ta dernière lettre m’a affligée ; mais j’espère encore en ton bon sens, en ta raison, en ta droiture...

Au décousu de ces lignes, tu t’apercevras, mon ami, que je t’écris au milieu de mille soins, de mille préoccupations ; mais en tout une idée fixe me poursuit : toi, mon Ernest, et toujours toi !

Je pense que tu ne te seras pas présenté chez mademoiselle Ulliac, puisque je te priais de n’y aller que dans le cas où tes liens seraient rompus, et que ta dernière lettre m’apprend qu’ils ne le sont pas encore. Tu ne m’as point parlé, mon Ernest, de quelques lignes confidentielles que j’avais chargé Emma de te remettre : ne te seraient-elles point parvenues ? Dis-moi toujours, je t’en prie, quelles sont les lettres que tu as reçues de moi dans l’intervalle de tes réponses ; quel supplice de trembler toujours ainsi pour ce qu’on écrit !

Adieu, mon ami ; je ne puis terminer ma