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mon âme. Jamais affection filiale ne fut plus vive ; elle ne sert qu’à me faire souffrir. Adieu, amie.


XXIII


10 octobre 1845

Le dernier courrier m’a porté la lettre de maman et la tienne, cher Ernest ; tout naturellement, c’est sur ton petit billet que mon attention s’est arrêtée, le reste n’étant point l’expression entière de ta pensée. Que moi aussi j’ai souffert en trouvant dans cette lettre moins de résolution que dans les précédentes, en voyant tes forces fléchir devant les premiers obstacles ! De toute l’ardeur de ma tendresse pour toi, je forme des vœux pour que les deux lettres que je t’ai adressées à Saint-Malo aient pu t’y parvenir : puissent-elles ranimer ton courage ! puissent-elles surtout te préserver de nouvelles fautes ! — Je ne te fais point de reproches, mon pauvre enfant, car je te vois bien à plaindre ; mais laisse-