Page:Renan - Lettres intimes 1842-1845, calmann-levy, 1896.djvu/305

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

préceptorat élémentaire, ne me semble guère pouvoir être acceptée, à moins d’avantages compensatifs, dont je te laisse le plein arbitrage. Mais pour moi, j’ai peine à en concevoir de suffisants. Bien plus, d’après les notions que j’ai pu acquérir sur l’état intellectuel de l’Allemagne, l’Autriche ne serait nullement le pays qui me sourirait le plus. Je ne fais guère, ma chère amie, que te répéter ce que déjà je t’ai souvent exprimé, et tu me trouveras peut-être bien difficile. Mais les principes que tu énonçais dans ta dernière lettre, et qui sont aussi les miens, m’assurent que nous tomberons d’accord sur les conséquences. Ne serait-ce pas un bien mauvais calcul, même au point de vue économique, que celui qui sacrifierait à des avantages pécuniaires les années de ma vie qui peuvent être pour moi les plus fructueuses, même à ce point de vue si mesquin ? D’ailleurs ma conscience intellectuelle s’y oppose ; je me le reprocherais comme un crime. Ainsi donc, chère amie, si tu trouves une place qui réunisse les conditions ci-dessus énoncées, tu peux accepter et être sûre du consentement de ma bonne mère et du mien.