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obtenir ton diplôme de bachelier, à suivre les grands cours des facultés des Lettres et des Sciences, et enfin à te préparer aux examens d’admission à l’École normale. Mademoiselle Ulliac, qui voit si sainement en tant de choses, approuve aussi ce projet. « L’idée de l’École normale est très bonne, me dit-elle ; c’est une carrière, cela. » Mais, je te le répète, mon ami, je ne serais pas moins satisfaite en te voyant t’adonner exclusivement aux langues orientales, si le savant professeur que nous avons si souvent nommé entrevoit pour toi une issue dans cette route. Pardonne toutes ces redites, mon Ernest ; mon cœur, mon esprit, ma pensée, tout en moi est plein de ton souvenir. Je voudrais donner à ma parole l’accent qui persuade, envoyer vers toi la voix de mon âme... Pauvre cher ami, que Dieu place toujours dans ta vie des affections aussi sincères, aussi désintéressées que la mienne ! Adieu ! J’ai passé une grande partie de la nuit à t’écrire tout ceci, et encore je te quitte à regret. Par le même courrier, je vais envoyer à mademoiselle Ulliac le billet de quinze cents francs dont je t’ai parlé ; je l’ai reçu hier ; il