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comprendras à quel point tu remplis ma pensée. En attendant que j’aie pu recevoir ton adresse à Paris, j’enverrai à notre frère tout ce que j’aurai à te communiquer ; ainsi, ne manque pas de lui dire sans retard où il devra te les adresser. J’espère que tu m’écriras quelques mots de Saint-Malo ; mon Dieu ! quelle douleur que cet éloignement !… Et si cette lettre allait être perdue !… Je t’ai écrit deux fois dans le courant du mois dernier ; l’une par Emma qui a dû te remettre un petit billet destiné à toi seul ; l’autre par maman. Tout cela t’est-il parvenu ? Je tremble toujours pour ce que j’écris, et je n’ai que trop raison de craindre.

En relisant ma lettre, je m’aperçois que je t’ai peu parlé aujourd’hui de l’École normale ; n’en conclus pas que j’ai changé d’avis depuis ma dernière lettre : cette voie aurait toujours mes sympathies ; mais, ne sachant pas s’il y a pour toi possibilité d’admission, je n’insiste pas plus longuement sur ce que je t’ai déjà dit ; cependant ne l’oublie pas. Agis et décide, mon bon Ernest ; j’ai toute confiance en ton jugement, en ta raison. Oui, bien des cla-